| Braderie |  |
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Avec la Braderie, on peut dire que Lille possède sans nul doute l’une des manifestations les plus pittoresques qui puissent encore exister en France et parce qu’elle date de temps immémoriaux, on la dit même traditionnelle.
Une ordonnance du magistrat de Lille, qui peut donc être considérée comme l’acte de naissance de la Braderie, précise en effet qu’au mois d’Août 1446, deux cabaretiers Gobin Maille et Pierre Tramart désireux « de secourir de viandes aux personnes qui assisteront à la dite feste » sollicitent et obtiennent de l’échevinage l’autorisation de faire de leur rôtisserie au devant de leurs maisons, sur la rue grande Cauchie. Or, « rôtir » en flamand se dit « braaden » et voilà comment naquirent les deux premiers « bradeux » de l’histoire. Leur idée fabuleuse servit très rapidement d’exemple aux marchands de toute sorte qui les imitèrent en vidant sur leur trottoir le contenu usagé de leur boutique que vinrent bientôt rejoindre les vieux meubles exhumés des greniers, les vieux vêtements dépareillés et les « démises ».
Dans les riches familles, le soin de faire l’article et de vendre était laissé aux domestiques, valets et méquennes qui en tiraient profits. Comme ceux-ci offraient des « hasards » (occasion) à vil prix on donna facilement au terme brader le sens de « vendre à bas prix ».
Aujourd’hui on note également que les gens de maison ne vendent plus, que le vieux s’en va et que des marchands authentiques avec des objets neufs ont pris leur place.
Notez l’absence de moules dans la description de Desrousseau qui pourtant s’y vendaient déjà comme l’atteste l’écho du Nord du 6 Septembre 1890 mais elles n’avaient sans doute pas encore atteint le degré de popularité qu’elles possèdent aujourd’hui. En 1929, Monsieur de Saint Léger regretta de son côté que l’on n’entende plus les cris traditionnels et que la Braderie ne soit plus qu’un marché franc qui pourtant s’étend à presque toute la ville, et qui est fort fréquenté.
Et puis il ne saurait y avoir maintenant de Braderie sans moules. De quand date cette coutume ? Debièvre la signal déjà en 1890 sans qu’elle atteigne du reste les proportion actuelles. Le restaurant « Aux Moules » situé rue de Béthune n’est sans doute pas étranger au développement récent de cette véritable institution. Le service de la voirie précise en effet qu’il faisait déposer devant ce restaurant des sacs de manière à pouvoir évacuer les coquilles vides mais ceux-ci d’une année à l’autre n’étant jamais assez suffisant, on se décida à autoriser la brasserie Aux Moules à jeter ses vestiges au milieu de la rue.
Editorial rédigé à l'initiative de M. PIERRE MAUROY (ancien 1er Ministre, Sénateur Maire de Lille) – Le 4 Septembre 1993 |
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